L’identité et l’héritage de la Creuse s’illustre avec la peinture, les métiers du bâtiment, en particulier les maçons, et aussi la tapisserie.
Fresselines s’honore de brillants ambassadeurs dans chacun de ces savoir-faire, et deux peintres, devenus peintres cartonniers, ont participé étroitement au renouveau de la tapisserie d’Aubusson.
En 1963, Gaston Thiéry (1922-2013) peintre emblématique de Fresselines, est sollicité par Paul Andraud, maitre lissier, pour devenir peintre cartonnier de tapisseries d’Aubusson. Il transposa, tout d’abord, en carton la toile Le chêne des Maîtres sonneurs, tissée en 1965, dont le succès l’incita à se lancer dans cette nouvelle aventure, évoquant toujours la nature, son thème préféré.
En quarante ans, il compose cent-neuf cartons, se pliant à cette technique exigeante car si le carton est réalisé à la taille réelle de la tapisserie, il est figuré sur du papier calque inversé (gauche à droite) car le lissier travaille son tissage à l’envers.
Une collaboration régulière vit le jour entre Gaston Thiéry et les Ateliers Andraud qui ont su reproduire toutes les nuances de tonalités imaginées par l’artiste grâce à l’usage de laines à trois bruns, permettant les chinés et les dégradés de teintes.
L’œuvre tissée de Gaston Thiéry est comme son œuvre peinte, « elle fait chanter la nature par son dessin minutieux et précis et la délicatesse de ses couleurs. Personnelle et originale sans jamais sacrifier aux modes, elle illustre sa parfaite maitrise des techniques, pourtant différentes, de la peinture et de la laine ».
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Georges Chazaud (1932-1988) à l’œuvre protéiforme, fut aussi sollicité pour devenir peintre cartonnier à partir de 1965. Plus d’une cinquantaine de tapisseries seront tissées d’après ses cartons par les Ateliers Goubely-Gatien puis Picaud d’Aubusson, répondant à des commandes d’état ou de collectionneurs privés.
« Je viens rendre compte de ce que mon pays de Creuse m’a apporté, et singulièrement le bonheur de tisser » G. Chazaud.
Ses « rêveries tissées » seront exposées dans des lieux prestigieux de la Creuse, château de Boussac, château des comtes de la Marche à Guéret et connaitront également le succès dans des expositions et galeries en France, ainsi qu’à l’international.
A la suite de Jean Lurçat ou de Dom Robert, avec près de cent quatre-vingts oeuvres tissées de son vivant, il redonne à la tapisserie sa magie, son pouvoir de mystère et d’enchantement. Artiste invité à la direction artistique des Fêtes de Nohant et des Nuits de Chopin, en Indre, il réalisa un monumental portrait de George Sand, de 4 x 3 m et prêta une exceptionnelle tapisserie, tissée chez Picaud à Aubusson, de plus de 7 m.
Il fait de la nature creusoise, l’un des matériaux principaux de ses créations, élaborant un florilège singulier et délicat, illustrant un monde poétique, au delà de la frontières des apparences.
De même, ses silhouettes et profils de femme, en parfait osmose avec la nature, exalte “la femme comme paysage » dans un graphisme d’une extrême modernité.
Considérant la tapisserie comme “sacramentelle et éternelle” au regard de son patrimoine et de son rayonnement, il s’engage pour une nouvelle reconnaissance de la tapisserie française et des artisans lissiers et sera à l’origine de la création de la Route de la Tapisserie, reliant désormais la Cité internationale de la tapisserie et la Manufacture Royale Saint-Jean, à Aubusson, et les châteaux de Boussac et Villemonteix.
“Je suis pris de ce désir de ne plus voir que fleurs et nuages, demander presque à la nature, en feuillages de silence et signes d’oiseaux, qu’elle entre elle-même dans ma trame, telle qu’elle est encore, et que s’ouvre un espace pour rêver ou simplement respirer…et si la maison est encore un abri, un repli, je veux que cette maison soit chaude d’un bonheur de chaque jour.” Georges Chazaud.
Il écrivit également des manuscrits “poétiques” traitant de la tapisserie, illustrés de sa main.
contact : charlotte.chazaud.styliste@gmail.com
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