Ces artistes-artisans des métiers d’art  ont imprimé de leur créativité le patrimoine de Fresselines. Fresselinois de souche ou sollicités pour leur savoir-faire, ils illustrent l’attachement de la commune et des associations locales à préserver le riche héritage artistique de Fresselines, tout en l’enrichissant d’œuvres contemporaines.

Pour commémorer les 130 ans du séjour de Claude Monet à Fresselines, « Les Amis de Fresselines » lui ont commandé en 2019, un buste en bronze par Danielle Bertholdt, diplômée de l’école des Beaux-Arts de Metz.
La plasticienne, enthousiasmée par cette commande car « il s’agissait de donner à voir le grand peintre à la fleur de l’âge, comme jamais à ma connaissance il n’avait été représenté jusqu’à présent en sculpture »  a donné vie à la 4e sculpture placée en plein air du maitre de l’Impressionnisme après celles de Rouen, Giverny et Honfleur. Pour répondre au souhait du commanditaire, représenter Monet à 49 ans, âge auquel il séjourna à Fresselines en 1889, la plasticienne s’est inspirée de deux documents : un autoportrait de 1886 et une photo en pied de  1889, créant, à partir d’éléments de chacun, un buste unique à cet âge.

Ce portrait repose sur un piédestal en granit, offert par les Ateliers Maitre, réalisé par Didier Fauguet, sculpteur sur pierre de Saint-Plantaire, bourg tout proche, Meilleur Ouvrier de France, restaurateur de monuments historiques. Le bloc de granit rappelle le ruissellement de la Creuse avec, en façade, un petit tableau du confluent.

Didier Fauguet installant le buste de Monet sur le socle en granit, sculpté du ruissellement de la Creuse avec, en façade, un petit tableau du Confluent.
Didier Fauguet installant le buste de Monet sur le socle en granit.

Deux statues en bois de l’église de Fresselines, sont l’œuvre de la sculptrice Anna Quinquaud (1890-1984).
Après avoir obtenu simultanément en 1924, le premier second grand prix de Rome et le prix de l’Afrique-Occidentale Française, décerné pour la première fois à une femme sculpteur, elle part en Afrique et y reviendra souvent. Son œuvre en sera profondément marquée par les ambiances et les natifs rencontrés ; elle enseignera également à l’Ecole des beaux-arts de Tananarive.
Sollicitée pour des commandes publiques, elle produira des chefs d’œuvre, installés tant en Afrique qu’en France : les quatre anges monumentaux au-dessus de l’entrée principale de la cathédrale de Dakar (1938), le bas-relief de la Maison de la France d’Outre-Mer de la Cité universitaire internationale de Paris, La Mauritienne statue en pierre de deux mètres du musée d’Art Moderne de la ville de Paris (1937), des panneaux décoratifs pour des halls d’immeubles, des séries de médailles pour la  Monnaie de Paris et bien d’autres. De nombreuses expositions présenteront son œuvre.
Pour son talent et son rayonnement, elle sera promue chevalier de la Légion d’honneur et élue à l’Académie des sciences coloniales, la première femme artiste à y entrer.
Ses célèbres bustes en grès, pierre, céramique.. expriment une gravité bouleversante et tout le respect et la tendresse d’Anna envers ses modèles africains.

Mais la nature creusoise, environnant la maison familiale de Lafat  où elle se ressourcera régulièrement, restera une importante source d’inspiration, souvent présente dans ses dessins et ses peintures.
Sollicitée par son ami creusois Pierre Dumont, elle réalise, en 1965, les deux statues en bois disposées de part et d’autre du vitrail du chœur, derrière l’autel de l’église de Fresselines : Saint-Pierre et Sainte-Thérèse. Pour l’anecdote, Saint-Pierre a une forte ressemblance avec son commanditaire et le choix de Sainte-Thérèse a réjoui les trois Thérèse – Duchiron, Logez et Roy –  alors piliers de la paroisse !

Pour aller plus loin :
CONCHON Marie-Josèphe, Thérèse et Anna QUINQUAUD, la sculpture en partage, Les Ardents éditeurs, 2022.

Pierre Dumont (1896-1987), dirigeant de l’entreprise de travaux publics Dumont & Besson, natif du Rivaud, commune de Fresselines, offrit en 1965 à la paroisse, l’autel en granit et l’aménagement du nouveau chœur. A sa demande, Anna Quinquaud sculpta le bas-relief de la chapelle, à gauche du chœur, en hommage à Marie-France, la fille de Pierre Dumont, décédée prématurément. La silhouette de la jeune femme flotte, accompagnée d’une colombe et  de l’inscription « Me voici, je viens».


Héritière d’une longue tradition familiale de bâtisseurs, débutée en 1812, on doit à l’entreprise  Dumont & Besson, l’embellissement et la modernisation de Paris, notamment avec la construction du Sacré-Cœur, de l’Hôtel de Ville, du Palais de Tokyo… Sous l’impulsion de son président Pierre Dumont,  l’entreprise participe, dans les années 1950, à la reconstruction d’après-guerre. Pionnière dans le domaine de la préfabrication, elle met en œuvre cette méthode, entre autre, dans la construction de logements à Orléans. Devenue la Compagnie Delacommune et Dumont, dirigée depuis 1989, dans la continuité familiale par  Pierre Dumont, petit-fils, l’entreprise, l’une des plus anciennes d’Ile-de-France, aborde son troisième centenaire en toute indépendance et avec sérénité.



« Les Amis de Fresselines » ont sollicité le maitre verrier Didier Bourdeau, réputé depuis plus de 50 ans, dans le domaine de la restauration de vitraux, d’édifices publics et privés, religieux ou civils en France et à l’étranger.
Egalement créateur et maitrisant plusieurs  techniques, il réalise pour l’église de Fresselines trois vitraux, utilisant la technique du  fusing, qui consiste à poser à plat sur un verre transparent, les couches de verre de couleur formant le dessin, ensuite fusionnées dans un four à haute température. Cela donne un vitrail visible recto-verso laissant largement passer la lumière, puisqu’aucune barlotière n’entrave sa diffusion.
Les trois vitraux forment une progression symbolique : le motif principal, au tympan de l’église, montre les attributs de Saint-Julien de Brioude, patron de la paroisse : le glaive et la palme du martyr, accompagnés de la main, rappel des maçons de la Creuse. Le sang rouge du martyr se répand d’un vitrail à l’autre avant d’atteindre une zone noire, les ténèbres, que le saint doit traverser pour gravir l’escalier bleu le menant au Ciel.
Une création qui associe la symbolique religieuse à l’hommage aux métiers traditionnels creusois.

Didier Bourdeau, vitrail de l'église de Fresselines
Didier Bourdeau
vitrail de l’église de Fresselines

André Roy (1939-2021), héritier de cinq générations de ferronniers, a façonné cette matière inerte mais puissante depuis ses 12 ans. Après un apprentissage auprès de son père et un « tour de France » dans différentes entreprises, il s’installe à Fresselines en 1960, succédant à son père. Sa créativité le conduit à réaliser des ouvrages d’art uniques et originaux. Ses références sont nombreuses : le coq de l’église de Fresselines, les décors de films (Tous les matins du monde, L’enfant des lumières), des œuvres variées pour des musées, des châteaux, des Monuments historiques, également pour l’industrie… en France et à l’étranger. Il a également exposé pendant 10 ans à la section Prestige des Provinces de France du Salon de l’Agriculture.
Un talentueux artisan-artiste fresselinois.

Une nouvelle génération apporte une diversification des métiers d’art représentés sur la commune de Fresselines.

Bénédicte CLEMENT, dont le grand-père était originaire d’Orsennes, vient depuis toujours  entre Creuse et Indre et habite maintenant le village de Chanteloube, sur la commune de Fresselines. Après une carrière professionnelle en tant qu’architecte et urbaniste en région nantaise, elle a souhaité changer de voie pour se diriger vers ce qui a toujours été sa passion, travailler la matière (porcelaine, céramique, grès). Après une formation, elle revient sur les terres de sa famille pour s’y consacrer entièrement. En mai 2021, elle ouvre l’Atelier de la Terre Blanche, à Gargilesse dans l’Indre.
Ses créations originales de bijoux, objets de décoration, vaisselle …, sont des pièces uniques raffinées, travaillées avec précision, gravées, émaillées, décorées, poncées. La qualité de son travail est récompensée par l’obtention du Label Ateliers d’Art de France.
Atelier : 23 rue du Père Moreau, 36190 Gargilesse (ouvert tous les jours durant la période estivale)

Frédéric POCZEKAJLO, luthier est originaire de Grenoble. Après un CAP et un brevet des métiers d’art spécialisé en “facture instrumentale ” option guitare, il a travaillé dans un atelier de lutherie à Bruxelles. En 2021, il crée avec sa compagne, Pilar,  la marque Meta Guitars. Depuis décembre 2023, ils s’installent à la Chaise Gonnot, commune de Fresselines.  Après 6 mois de travail de restauration, ils ouvrent  leur atelier dans la maison mitoyenne de celle où il venait en vacances chez sa grand-mère.  Passionné par son travail, il crée de magnifiques instruments qu’il sculpte avec ses outils d’ébéniste, travaillant le châtaignier, le tilleul, l’aulne ou bien l’érable. Ses créations sont destinées à des activités pratiquées par des musiciens, avec une clientèle internationale. Spécialiste en “guitare basse”, il travaille également le métal et l’électronique.

Pour aller plus loin
– Un peu de folklore avec la Chanson des maçons de la Creuse,
Mémoires de la Société des Sciences Naturelles et Archéologiques de la Creuse, XXIII, 1940, p. 436-443.

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